Si les copains italiens ont dû subir
un de mes fastidieux avant-propos, je ne vois pas pourquoi les copains français
ne devraient pas.
En effet, quand j’ai lancé ce
blog (justement, par le biais d’un fastidieux avant-propos) j’étais assez ferme
dans l’idée que cet espace accueillerait uniquement des articles en langue
italienne. Les raisons sont multiples : un, écrire en italien me
vient plus naturellement et tout simplement mieux ; deux, cela me donne un
certain bien-être, peut-être le calme d’un retour aux sources ; trois, je parle
essentiellement de musique underground française, musique pour laquelle je veux
bien espérer qu’il y a déjà des amateurs français qui manient la langue de
Molière mieux que moi et, surtout, qui savent donner à ces artistes la
résonance dont ils ont besoin dans l’hexagone. Je ne dis pas par là que je suis
le seul et unique grandiose divulgateur d’une soi-disant « scène
française » en Italie, mais a minima je m’accorde de me dire que ce que je
fais est quelque peu original, dans le sens où de gens qui parlent en italien
de concerts qui ont lieu en France il y en a très peu voire pas du tout, et que
cela m’a quand même permis de traiter de la musique que les revues italiennes
traitent très peu voire pas du tout.
(À titre d’exemple, si vous tapez
« johnny mafia gruppo francese rock » sur le Google italien il n’y a
aucun article qui leur soit dédié, ce que je trouve d'ailleurs scandaleux. Je me dois quand même de signaler une des
rarissimes parutions dans la presse des quatre bourguignons : ils furent remarqués,
dans le lointain 2018, par le « Giornale di Vicenza ». Ciao
Costantino !)
Plusieurs amis français
m’incitent à écrire des live report en français. Ils pensent que ça jouerait à
mon avantage. Je me permets de ne pas être d’accord : quand bien même cela
me permettait d’avoir plus de lecteurs, je renoncerais, outre qu’à mon
« originalité », à beaucoup des choses qui me rendent heureux d’écrire.
Mon regard d’étranger (ou plutôt de « transplanté »), omniprésent
dans mes articles que l’on les lise de France ou d’Italie, se perdrait
complètement, ou encore je ne pourrais plus m’octroyer le droit de foutre la
merde avec gaieté quand j’en ai envie (imaginez si j’avais écrit en français
lorsque j’ai râlé sur Dalle Béton ou que j’ai presque révélé le personnage
haut-placé dans la pop française qui a chopé la Laurène : je serais passé pour
un pur connard, et à juste titre) ! Enfin, toutes ces raisons font que
non, je ne vais pas écrire les chroniques des concerts en français, c’est mort.
Foutez-les sur DeepL et en contentez-vous.
Cependant, j’ai pris ces derniers temps une petite pause des live report et je me suis dit que j’aimerais bien écrire à
nouveau un article comme celui d’introduction au blog, qui était
essentiellement une revue de « Paris <> Berlin » de Stereo
Total en référence à mon vécu. Le premier album qui m’est venu à l’esprit pour
cet exercice est un disque italien extraordinaire qui a pourtant un
défaut : le 99,9% des italiens qui ont à peu près mon âge en ont déjà
entendu parler jusqu’à la nausée. Tant que j’y étais je me suis amusé à taper
le nom de l’album sur Google en cherchant uniquement des résultats en langue
française : le vide absolu.
L’occasion était trop gourmande
pour ne pas créer une nouvelle rubrique. Et en effet, cela n’a pas de sens que
je parle de musique italienne en italien : soit c’est déjà fait, soit il y
en a de meilleurs que moi pour le faire. Mais en français… Ben, c’est le revers
de la médaille de ce que je fais d’habitude !
Cette nouvelle série intitulée « Reverso » me verra donc, de temps en temps, passer la zone de confort de celui qui écrit de musique étrangère en sa langue maternelle au terrain miné que traverse celui qui parle de sa musique maternelle en langue étrangère. Ce ne sera pas sans en chier, mais je vais essayer de le faire avec la naturalité avec laquelle on clique sur le pictogramme des deux flèches sur un tel site internet. S’il vous arrive, à vous aussi, de tenter des exploits linguistiques un peu osés, vous avez déjà vécu le frisson de l'inversion et vous savez de quoi je parle. Si ce n’est pas le cas, je vous aime quand même.
À très, très bientôt.
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